PRIÈRE
La prière et l’adoration de Dieu vont bien au-delà des actions de jeûner et d’accomplir la prière rituelle. La prière de Dieu est aussi large que la mer… et vous pouvez être en prière même lorsque vous êtes malade ou en période de menstruation. Parce que la prière est ceci : l’adoration de Ses grandes et belles caractéristiques, la satisfaction de Ses choix pour nous, l’espoir en Lui, la confiance en Lui et la gratitude envers Lui. Rien de tout cela ne nous est jamais inaccessible, et ce sont précisément à cela que nous sommes invités à donner vie, surtout lorsque nous ne sommes pas capables de faire les actions traditionnelles auxquelles nous sommes habitués. Le contentement des choix que Dieu a fait pour nous, l’espoir en Lui, la confiance en Lui et la gratitude envers Lui sont tous des aspects extrêmement importants de la foi (Al-Iman), comme le mentionne le Qor’an. Si ces essences ne sont pas présentes dans nos actes de dévotion tels que le jeûne et la prière rituelle, alors ceux-ci n’ont aucune signification, aucune valeur ni aucune portée. Et si, au contraire, elles sont présentes, alors même lorsque le corps qui les a portées est absent, elles seront toujours là, toujours vivantes. Cet esprit de connexion à Dieu sera toujours fort et vivant. Notre adoration de Dieu, notre émerveillement devant Sa grandeur, notre appréciation profonde et tendre de Sa Bonté, notre appel à Lui dans le besoin et les moments de vulnérabilité, tout cela continuera, indépendamment de notre capacité à accomplir certaines actions. Nos cœurs continueront à chanter Ses Louanges.
ACCEPTER SON AMOUR
J’ai appris d’un de mes professeurs, spécialiste du Qor’an et de la Sharia, mais surtout qui a une relation saine avec Dieu :
Non seulement nous ne perdons rien lorsque Dieu nous demande de ne pas jeûner lorsque nous sommes malades ou en période de menstruation, mais Il nous traite en fait avec soin et sollicitude, comme une mère protectrice envers son enfant chéri. Dieu nous traite avec tendresse, amour et attention. C’est la plus belle expression d’une affection profonde et personnalisée. Comment avons-nous pu en faire une raison d’être triste et de nous sentir exclus ? Lorsque nous sommes incapables de jeûner comme tout le monde pendant le Ramadan, ou de faire la prière rituelle des dix derniers jours… nous ne sommes pas laissés de côté, nous sommes complètement sous Sa protection.
La joie de cette expérience d’être affectueusement choyé et privilégié par Lui, avec un traitement spécial pendant nos périodes de maladie, de menstruation ou de voyage, devrait remplacer notre sentiment de privation.
Alors que Dieu nous a privilégiés en nous retirant avec amour l’attente des actions physiques, Il ne nous en a pas retiré pour autant les récompenses.
Oui, l’expérience de la maladie peut être très dure physiquement, et rien de tout cela n’est à nier, mais nous ne devons jamais perdre de vue Sa Présence avec nous à travers elle.
Il ne s’agit pas d’un simple jeu de réflexion ; nous ne nous contentons pas d’adopter une tournure positive des choses pour nous convaincre qu’elles sont bonnes. Il s’agit en fait d’un acte d’adoration – car voir Dieu et ce qui vient de Lui comme étant bon est une forme d’adoration appelée « husn-ath-thann fIllah ». Le Messager de Dieu nous enseigne à toujours voir ce qui vient de Dieu sous le meilleur jour, et que la capacité à le faire est la plus haute qualité que l’on puisse posséder.
Lisez la première partie avant de continuer …
« MAIS JE VEUX JEÛNER, JE NE VEUX PAS SEULEMENT LA RÉCOMPENSE ! »
Nous nous sentons heureux lorsque nous décrochons un emploi avec de gros avantages. Pouvoir prendre un congé maladie payé est l’un de ces avantages. Pourquoi, alors, est-il si difficile de concevoir que Dieu puisse nous donner la même chose lorsque nous sommes malades ou incapables d’accomplir certains actes d’adoration ? Serait-il vraiment moins compatissant que les premiers syndicats qui se sont battus pour ce droit des travailleurs ? Et pourquoi est-il si difficile pour nous d’accepter gracieusement cet avantage de Sa part alors que nous recevrions des avantages similaires avec une véritable gratitude dans notre vie professionnelle ?
Vous pourriez répondre : « parce que le jeûne n’est pas un « travail » pour moi, j’y prends vraiment plaisir. C’est pourquoi je me sens triste de ne pas pouvoir le faire« . Permettez-moi de vous répondre en vous posant quelques questions :
Qu’aimons-nous le plus : le jeûne, ou Celui pour qui nous jeûnons ? À quoi sommes-nous le plus attachés : à l’action du jeûne, ou à Dieu ? À quoi accordons-nous le plus de valeur : aux actes que nous faisons ou ne faisons pas, ou à la relation plus grande et profonde qui donne un sens à ces actes ?
Nous devons apprendre à valoriser notre relation avec Lui plus que les actions que nous faisons ou ne faisons pas dans cette relation. Le ton de la relation est donné par nos attitudes plus que par nos actions. Chacun de nous connaît des personnes qui font tout ce qui est bien pour leurs proches, mais qui le font avec une mauvaise attitude. Qui accomplissent une multitude de tâches admirables, mais qui ne manifestent aucun sentiment d’affection envers ceux auxquels elles sont censées être destinées. Ce genre de relations finit par se dégrader.
Dans notre relation avec Lui, nous devons apprendre à accepter Ses soins empreints d’amour et de tendresse; lorsqu’Il nous demande de ne pas jeûner, il faut entendre de Sa part : “Laisse-moi te faciliter tout cela, mon bien-aimé.” Ne sois pas ingrat en lui répondant : “non merci, je sais très bien prendre soin de moi….” Voulez-vous vraiment rejeter un don de Dieu ? Même si vous pensez en être capable, par exemple lorsque vous avez vos menstruations mais que vous vous sentez assez forte pour jeûner, saisissez quand même l’occasion d’apprendre la bienséance avec Dieu. Il est plus important d’accepter Sa Grâce que de faire une action par pur désir.
Lorsqu’une personne malade dit qu’elle est incapable de faire certaines actions à cause de sa maladie, mais qu’elle dit aussi qu’elle est malheureuse de ne pas pouvoir les faire, il y a lieu de s’inquiéter. Bien qu’il soit sain que ces actes nous manquent, il n’est pas sain en revanche d’en être malheureux. Parce que cela signifie que nous n’acceptons pas la situation qu’Il nous a donnée et que nous en sommes insatisfaits. Nous devons faire tout notre possible pour préserver un état de satisfaction par rapport aux choix que Dieu fait pour nous. Cette satisfaction est plus importante que n’importe quelle action.
Accepter avec beauté les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons et recevoir avec grâce les soins affectueux de Dieu ouvrent des portes nouvelles à des récompenses tout aussi nouvelles et uniques. Lorsque vous êtes malades ou en période de menstruation, chaque fois que vous mangez et buvez, vous faites ce qu’Il vous a demandé de faire à ce moment-là, et vous obtenez ainsi une récompense.
Test d’attitude : Avons-nous un sentiment durable de gratitude vis-à-vis de notre relation avec Lui ? Percevons-nous vraiment avec qui nous sommes en relation, comme Il veut que nous Le voyions ? Acceptons-nous Ses Soins et Son Amour, ou pensons-nous que nous savons mieux et que nous pouvons gérer toutes choses par nous-mêmes ? Lorsque nous tombons malades, avons-nous le sentiment qu’Il nous a abandonnés ? Lui en voulons-nous d’avoir choisi de nous donner la maladie ?
Je pose ces questions pour aller au cœur de la vraie maladie. La vraie maladie et la vraie incapacité ne sont pas celles qui nous empêchent de jeûner ou de célébrer la prière, mais celles qui rongent notre sentiment de joie d’être des êtres choyés par Dieu et de savoir qu’Il est là pour nous, dans la maladie et la santé, et cela pour toujours. C’est un lien bien plus subtil et durable que tout vœu de mariage, un lien plus fort que celui de la mère à l’enfant. C’est l’engagement du Créateur envers Sa création.
CE RAMADAN…
Au cours de ce Ramadan, n’empoisonnez pas vos actions avec les poisons de la fierté ou du sentiment d’accomplissement. Et n’empoisonnez pas votre inaction avec des poisons de ressentiment ou de reproche envers vous-même ou envers Dieu. L’absence d’action peut aussi être bénie et récompensée… Lorsqu’elle est accompagnée d’humilité et d’amour de Dieu.
Au cours de ce Ramadan, souvenons-nous que le jeûne n’a jamais été une question de faim et de soif, mais de quelque chose de beaucoup plus grand et que l’on peut atteindre même sans action (taqwa) : la conscience de Dieu. Soyons attentifs à Lui, conscients de Sa Grande Bonté envers nous. Demandons-Lui la guérison de notre incapacité à voir, à recevoir et à nous réjouir de Son étonnante Grâce.
En ce Ramadan, je vous mets au défi de vous réjouir, de vous détendre, de resplendir et de rayonner. Réjouissez-vous dans la Réalité de la situation : une générosité et une récompense offertes gracieusement et sans condition pendant Ramadan. Détendez-vous sous Ses soins qui révèlent à quel point Il est conscient de vos besoins et comment Il vous protège dans votre faiblesse. Resplendissez de joie d’être dans cette relation avec Lui.
Si nous ne pouvons pas jeûner ou faire la prière, accueillons cela comme de la tendresse, de l’amour et des soins de la part de notre Seigneur. Souriez quand cela arrive. Acceptez tous Ses dons avec joie, sans protester que vous n’avez rien fait pour les mériter. Bien sûr, vous n’avez rien fait pour les mériter. Il est tellement Juste et si Bon.
Permettez-moi de conclure en disant que rien de tout cela ne doit diminuer la réalité de la douleur et de la souffrance physiques et mentales qui font partie de la maladie. Mais sachez que Dieu est avec celui qui est malade, affaibli et qui souffre, et que cet état est déjà un état spirituellement édifiant, même s’il ne nous apparaît pas ainsi. Nous n’avons pas besoin de compliquer notre maladie en devenant, en plus, spirituellement malade… Pour ceux qui éprouvent une grande douleur à cause de leur maladie, qu’ils n’exacerbent pas cette douleur en se sentant aussi abandonnés par Dieu. Car ce n’est tout simplement pas vrai.
« Montre-moi où tu as mal », dit Dieu, et toutes les cellules de mon corps éclatèrent en larmes devant Ses Yeux attendris. Il m’a dédommagé de toutes mes souffrances d’une manière à laquelle je ne m’attendais pas du tout : le soleil est devenu désormais un hommage à mon visage, car il sait que j’ai vu Dieu. Or, ceci est loin de lui rendre justice. L’âme ne peut pas décrire Son Don. Je parle du soleil car j’aime les belles formules, et surtout parce que cela est la vérité : La création est un hommage à nous ». – Sayyida Rabia de Bassora
Au cours de ce Ramadan, souvenons-nous que le jeûne n’a jamais été une question de faim et de soif, mais de quelque chose de beaucoup plus grand et que l’on peut atteindre même sans action : la conscience de Dieu.
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