Il est étonnant de voir qu’aujourd’hui, celui qui peut être le premier à dévoiler vos secrets et à vous ridiculiser soit considéré comme le plus puissant. Ce genre de personnes sont accueillies par tous pour raconter leur histoire, partager des détails privés… parfois c’est sous le prétexte initial du fameux « c’est thérapeutique » qu’elles partagent toute leur « douleur » – mais cela devient rapidement un ensemble de déclarations qui visent à formuler des accusations envers une autre personne et l’auditeur se retrouve souvent à former des jugements et des conclusions sur une personne qu’il n’a lui-même jamais rencontrée.
Nous avons créé un système – je n’appellerai pas cela une culture dans lequel un tel comportement où le fait de dévoiler les secrets au sujet de relations de longue date – est normal et bien accueilli. Je trouve cela si intéressant… que nous devons craindre de voir qui parlera contre nous, qui déformera nos mots et répandra des histoires, alors que dans le paradigme coranique, la peur était censée être chez celui qui était proche et avait le privilège de vous connaître si bien. Cette personne était censée avoir peur de trahir un jour un tel honneur, une telle confiance. Dieu nous avertit sur le fait que nous prenons le risque de devenir comme Qaroun. Qaroun était un homme qui a eu l’opportunité de devenir le bras droit du prophète Moïse (que Dieu continue de nourrir son être et notre connexion à lui).
“Et Qaroun, Pharaon et Haman : Moïse leur était venu avec toutes les preuves de la vérité, mais ils se sont comportés avec arrogance sur terre [et l’ont rejeté] ; mais avec tout cela, ils ne pouvaient pas Nous échapper.” (L’araignée, Sourate 29 : Verset 39)
Au lieu de saisir une si grande opportunité, Qaroun a choisi de devenir l’ennemi du prophète Moïse. Et combien de fois voyons-nous aujourd’hui cela se produire dans nos communautés musulmanes ? Cette personne qui était proche décide de tout jeter. La différence, c’est qu’il trouvera la communauté plus large qui l’acclamera pour ce « courage » et qui l’accueillera à bras ouverts pour révéler tous les secrets qu’il a recueillis pendant qu’il était dans la communauté où il se trouvait. Or, ce n’est pas ainsi que Qaroun a été traité par les gens de foi de son temps : ils l’ont considéré comme un traître et n’ont pas bien reçu ses histoires et son récit. Ils éprouvaient une grande tristesse face au fait qu’il ait transformé une chance en or en la cause de sa perte éternelle. De nos jours, tout le monde a une fausse impression du pouvoir : on voit certains croire que les autres sont à leur merci, et qu’avec un seul mot écrit sur facebook, ils peuvent mettre une personne à terre. Les maris exercent ce pouvoir sur leurs femmes, et les femmes sur leurs maris – dès que les choses tournent mal, les secrets et les histoires personnelles font leur chemin.
Chaque partenaire veut faire passer son histoire en premier, pour s’attirer la sympathie de son entourage. Pour gagner le combat. Alors que cette confiance qui a été donnée n’a jamais eu pour objectif de devenir un pouvoir, un moyen de pression à exercer sur une personne qui vous a ouvert son cœur – c’est au contraire une cause pour craindre Dieu et craindre de trahir la confiance de cette personne. C’était une raison de supplier Dieu de vous rendre toujours digne de la confiance qui vous a été accordée… qu’est-il arrivé à de telles prières aujourd’hui ? Où pouvons-nous trouver une personne qui prie de cette façon ? Les efforts pour se lier d’amitié, la vulnérabilité et les risques que vous prenez pour construire une véritable fraternité, amitié ou mariage avec quelqu’un ne devraient jamais devenir des motifs pour être pris en otage par cette personne qui peut transformer ces choses en matériaux pour vous faire passer pour une mauvaise personne. Vous ne devriez jamais avoir le sentiment de devoir continuellement craindre une telle issue. Vous ne devez jamais avoir l’impression qu’il vous faut continuellement apaiser une telle personne parce qu’elle est suffisamment proche de vous pour pouvoir vous faire du mal à tout moment si elle le décide.
N’utilisez jamais le besoin qu’une personne vous a manifesté pour la dominer et lui faire sentir qu’elle vous est redevable. Montrer un besoin est quelque chose de sacré… c’est une invitation à faire le travail de Dieu dans la vie de cette personne.
N’utilisez jamais les choses que vous savez sur une personne, ou la confiance qu’elle vous a accordée, pour lui faire sentir qu’elle est maintenant à votre merci et qu’elle doit faire ce que vous voulez, sous peine de divulguer ses secrets. N’utilisez jamais le besoin qu’une personne vous a manifesté pour la dominer et lui faire sentir qu’elle vous est redevable. Montrer un besoin est quelque chose de sacré… c’est une invitation à faire le travail de Dieu dans la vie de cette personne. N’utilisez jamais les choses que vous savez au sujet d’une personne pour les partager et médire. Vous pouvez vous sentir puissant à ce moment-là, et la personne qui vous écoute peut être tout ouïe et se montrer d’accord avec vos propos – mais vous avez commis l’un des pires péchés qui soit. Il n’y a aucune noblesse dans un tel comportement et nous devons cesser de le présenter comme puissant ou courageux. La connaissance des faiblesses des autres n’est pas un pouvoir. C’est un fardeau que vous devez porter avec le plus grand soin et que vous devez prétendre ne pas avoir retenu ni même compris – tout en alliant cela avec le sentiment que Dieu vous a permis d’effectuer Son travail en vous mettant au service d’un compagnon dans un moment de besoin.
Et vous devez garder à l’esprit que si vous choisissez de vous éloigner de cet honneur, Dieu Tout-Puissant enverra quelqu’un de mieux que vous pour répondre à ce besoin que vous avez choisi de considérer comme insignifiant. Ou alors, Dieu répondra LUI-MÊME au besoin d’en haut, d’une manière spectaculaire qui vous montrera la folie que représentait le fait de passer à côté de cette opportunité. Personne n’est indispensable. Être autorisé à entrer dans une maison est un privilège, non pas une opportunité d’espionner. Il ne nous faut jamais oublier cette vérité, encore plus si nous y sommes au service.
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